
Un jour, à l’époque où j’étais apprenti aux Chemins de Fer, j’accompagne mon frère Claude pour développer des photos à la Maison des Jeunes de Bléré. Jean, son futur beau-frère, y était inscrit et pratiquait le développement régulièrement. Je me souviens de cette pièce sombre et mystérieuse, de l’odeur des produits photos et de l’agrandisseur qui trônait sur une grande paillasse. Jean a déposé dans une cuvette pleine de révélateur, une feuille exposée précédemment sous le faisceau lumineux de la boîte à lumière. Et là, sous mes yeux écarquillés une forme apparaissait lentement jusqu’à devenir une image complète en noir et blanc. Je n’avais rien vu d’aussi d’aussi magique de ma vie. J’étais subjugué par cette sorcellerie. Je savais dorénavant en sortant du labo que je voulais en faire autant.
Le salaire d’un apprenti n’était pas bien gros et suffisait à peine à payer le loyer mensuel de mon logement à Tours. Malgré cela j’ai acheté une petite valise qui contenait tout le matériel nécessaire aux tirages des négatifs photos et de leur tirage sur papier. Je me souviens bien de la grosse engueulade de ma mère qui n’acceptait pas cet achat.
Nous avions installé ce mini labo dans la sous-pente de notre maison et avec Philippe, un autre de mes frangins, nous faisions nos tirages, à genoux tellement l’espace était exigu.
Ma première photo, la toute première, la voici. Elle représente ma grand-mère, que j’aimais tant.